Jang Hyukdong

 

Il y a deux ans, après un déménagement dans une autre ville, je me suis trouvé dans mon for intérieur très angoissé. Pendant cette période d’adaptation à mon nouvel environnement,  je devais affronter conflit et tourment.

Où suis-je ? vers quelle direction vais-je ? Pourquoi doit-on répéter les gestes  quotidiens de la vie ? Ainsi, je me trouvais face à ces questionnements introspectifs. Je regardais de près des codes : se sentir seul existentiellement, isolement dans la masse, anxiété du quotidien, solitude et désirs dissimulés.

Je choisissais habituellement des sujets de peinture dans mon proche environnement. Je saisissais un instant ou une partie d’un espace quotidien de façon à ce que le spectateur sente une familiarité ou une sérénité dans ma peinture. Je voulais qu’il ait un nouveau regard devant un objet.

La particularité de la peinture est la contemplation. Ce sont des langages sensibles à des choses solitaires, dissimulés sur toute la toile entière en couleurs limitées, tons saturés, et opaques.

Bien que le tableau donne l’impression d’être inachevé, garder la fraicheur du dessin est intentionnel. Des combinaisons de lignes et surfaces créent un effet de hasard qui est  préconçu avant l’exécution.

Des visages non identifiables sont là pour diluer les egos surexcités par la société contemporaine. Effacer les critères de jugement par l’apparence fait disparaitre les égos pour qu’il y ait une communication sincère entre les uns et les autres.

Les personnages ne sont pas réalistes. Cependant le regard de chaque personnage désigne clairement une direction. On regarde ce qu’on veut voir.  Différentes  directions des regards dans un même espace, directions des regards imperceptibles. Ces regards m’interpellent et me questionnent. Je crois que le regard joue un rôle très important dans nos relations. C’est parce qu’une relation commence et s’établit à partir d’un regard l’un envers l’autre.

Peu importe si c’est un homme ou une femme sur la toile. Le dessin sommaire du corps, les couleurs sombres de la toile créent une atmosphère tranquille. Les personnages sont ordinaires mais attentionnés. Ce qui donne l’impression que le silence règne sur la toile. Cette ambiance statique nous attire davantage vers la peinture. 

La composition de la peinture est sereine. Elle n’est ni destructrice ni avec de caractère particulier. Seule la gestuelle des pinceaux est utilisée masquant la technique. Très concentré, spontanément d’un geste simple et ordinaire en apparence,  je crée une émotion.